Lisbonne est une ville dont la vocation commerciale, maritime et expansionniste remonte à plusieurs siècles. Dans le dernier quart du XVe siècle, il vivait littéralement au rythme des expéditions, se nourrissant des rêves de réalisations de son souverain. Ce sont les histoires des membres des différentes expéditions qui ont exploré les côtes de l’Afrique de l’Ouest tout au long du XVe siècle qui excitent fortement l’imagination des marins prêts à naviguer et à nourrir les peurs et les fantasmes des citoyens qui assistent à leur départ massés sur le Restelo. Le port, l’étable, la rue sont autant de lieux d’échange et de civilisation qui participent activement au maintien de ces fantasmes. Les connaissances relatives à l’autre et à l’autre sont construites à divers degrés et dans des sphères qui s’unissent mais ne s’interpénètrent pas nécessairement (1). L’Inde représente un horizon onirique. Toute une imagerie fabuleuse est greffée sur ce lointain. L’émotion de la ville afflicted vient du fait que les marins partent à la conquête d’étendues peuplées de créatures monstrueuses pour atteindre des mondes où abondent l’or, les épices et les pierres précieuses. Un tournant dans la conception du monde : le passage du Cap de Bonne-Espérance de Bartolomeu Dias de Novaes Le passage du cap de Bonne-Espérance par Bartolomeu Dias de Novaes est un tournant à plusieurs égards. L’Afrique a presque circulé, une nouvelle route s’ouvre pour rejoindre l’Inde, la terre et ses habitants ne sont pas comme les autorités et leurs émulés les ont décrits, les terres du sud inconnues sont déplacées vers le sud et les populations monstrueuses déplacées. C’est le monde entier qui va être regardé, pensé, représenté différemment. Bien que le journal et la carte élaborés pendant le voyage de Bartolomeu Dias soient aujourd’hui perdus, on a découvert d’une part qu’il a rencontré les indigènes autour du Cap de Bonne-Espérance (2) et d’autre part que les informations recueillies pendant la traversée, ils ont d’abord poussé Dom João II, puis Dom Manuel I pour lancer le Royaume du Portugal à la conquête de l’Inde par la mer (3). En 1494, le Portugal et la Castille ont partagé des sphères d’influence outre-mer par le biais du traité de Tordesillas. La Castille revient à la conquête des Antilles et au Portugal celle des Indes orientales. C’est grâce aux informations recueillies lors du retour de l’expédition de Bartolomeu Dias que Vasco de Gama — qui doit sa nomination à la tête de l’expédition à la redistribution des influences politiques qu’ils ont données à l’origine du changement de gouvernement — il prépare secrètement son premier voyage. La mission de ce dernier est de récolter l’Inde et d’y amener des épices lorsqu’il quitte Restelo à la barre de sa flotte le 8 juillet 1497. Le début du rapport de voyage anonyme, trouvé tardivement et attribué à Alvaro Velho, est sans équivoque sur ce point : « Em nome de Deus, Amem. Le soir de 1497, Mandu El-Rei D. Manuel, or primerio dêste nome em Portugal, a descobrir, quatro navios, os quais iam em busca da especiaria. » (4) Que cette relation depuis le retour de la flotte ait circulé confidentiellement parmi les géographes, les cartographes et les historiens du souverain attestent du vif intérêt que la couronne du Portugal immédiatement accordé à l’ouverture et à l’exploitation future de la route maritime de l’Inde. S’il comprend un inventaire détaillé des épices et des bijoux commercialisables sur le marché indien — qui, une fois transportés par la mer depuis le Cap de Bonne-Espérance, enrichira les Portugais aux dépens des Arabes — et une évocation des coutumes religieuses particulières des chrétiens des royaumes indiens – qui, une fois de retour, sont revenus. à la foi orthodoxe seront de bons chrétiens – comprend également la première description détaillée des populations qui évoluent sur les côtes de l’Afrique australe (5). Faire une présence : la signification de la description des populations des côtes sud-africaines Le 8 novembre 1497, les navires jettent l’ancre dans une baie protégée à l’abri des vents auxquels ils donnent le nom de la baie de Santa Elena. Les hommes qui y assistent attirent l’attention d’Alvaro Velho qui donne une description précise : sombre, vêtu de cuir, portant des étuis sur leurs parties naturelles, des coquillages argentés sur les oreilles, tenant de longs bâtons décorés de queues de renard, et se nourrissant de la chair de baleines, de gazelles, de loups de mer et de racines d’herbes. Vasco de Gama et son équipage prennent contact avec l’un d’eux – qui, d’ailleurs, ressemble étrangement à l’un d’eux – le lendemain. Si cette rencontre est mémorable, c’est parce que cet homme s’est permis d’être conduit à la nef du Capitaine Major, de se nourrir à la manière européenne et de s’habiller correctement avant de retourner sur le rivage. La réunion est décrite par Alvaro Velho comme suit : « Ao outro dia, da termos pousado, cette foi en la quintafeira, saimos em terra com o capitão-mor et if parecia avec Sancho Mexico ; et est allé apanhando mel na charneca, parce que comme abelhas naquela terra o fazem ao pé das moitas, et levámo-lo a nau do capitão-mor, ou ce que Da counsel a mesa, de tudo o que nós comiamos comia mela. « Et ao ou trodia o capitão-mor or dress muito beem de o mandu pôr em terra » (6) Le 25 décembre 1497, les navires sont ancrés dans la baie de São Brás, dont les habitants ressemblent à ceux de la baie de Sainte-Hélène. Après les avoir observés pendant longtemps, Vasco de Gama et ses hommes décident finalement de les contacter. La baie devient alors le théâtre d’une rencontre singulière qui voit les marins portugais et les habitants de la baie danser ensemble dans un concert de flûtes et de trompettes. Alvaro Velho raconte la scène comme suit : « Ao sábado vieram obra de 200 negros, entre grands et pequenos, et nous dessinons douze restes, parmi les bois et les vacas, et quatre ou cinco carneiros ; et nous, comme vimos, fomos logo em terra. Logo E es começaram de Tanger quatro ou cinco flautas, et uns tangiam alto et outros Je sais que, de la façon dont nous avons été bien concertés pour les nègres, nous ne jouons pas de musique ; et bailavam en tant que nègres. Et o capitão-mor Mandu Tanger comme trombetas et nós, em os batéis, bailávamos et je connais capitão-mor de volta. » (7) Mais les relations changent rapidement. Les Portugais reprennent la mer peu de temps après avoir fourni de l’eau, et c’est au moment où leurs navires quittent la baie qu’ils voient les indigènes renverser la croix et le padrão qu’ils venaient d’érigé. Si les descriptions des peuples indigènes d’Alvaro Velho sont nouvelles, c’est parce qu’elles rompent avec les descriptions des peuples africains faites par les anciennes autorités et transmises par des compilateurs, des encyclopédies et des diffuseurs depuis des décennies. Les connaissances qu’il développe ne sont pas globales mais locales ; de la même manière, elles ne sont plus spéculatives mais expérimentales. Sous la plume d’Alvaro Velho, l’Experientia devient un magistra rerum. L’observation qui prime sur l’appellation, la logique qui régit ces représentations n’est pas imputable. Alvaro Velho ne vise pas à fournir un catalogue de courses de monstres, pas plus qu’il n’est cumulatif. Ne pas avoir le but de faire écrire et de faire croire aux gens n’est même pas productif. Chez Alvaro Velho, la vérité de l’écriture ne réside pas dans la vitalité des connaissances procédurales logiques chères aux enchères, mais dans l’autopsie. Si le manuscrit d’Alvaro Velho n’avait pas été écrit à l’encre africaine comme celui de Jean de Léry l’aurait été plus tard à l’encre brésilienne, son rapport est là pour attester que là, entre eux — les Africains — et nous — les Européens — quelque chose s’est passé. Là, les hommes se sont vus, ont regardé, observé, détaillé. Ils ont échangé des regards, des mots, des gestes, des objets. Ils ont été provoqués, interpellés, impressionnés. L’autre n’est pas là parce qu’il est là. C’est le premier cadeau parce qu’il se présente lui-même. Il est donc présent parce qu’il représente une énigme en ce sens que ses paroles, ses gestes, ses adorations sont autant de signes à interpréter. Il est enfin présent parce qu’il y est opposé. Parce qu’il est sur ses terres et que ce qui se trouve sur ses terres lui appartient et il considère qu’il s’agit d’un « dépouillement » des réserves d’eau auxquelles les visiteurs se livrent (8). Ce concept de propriété ne fait pas exception à la règle de l’auteur du rapport. Parce que si Alvaro Velho donne une description aussi détaillée des baies de Santa Helena et de São Brás et de leurs habitants, c’est tellement parce qu’il s’intéresse personnellement à la population locale en tant que telle que sa mission est, entre autres, d’identifier des points d’approvisionnement sûrs pour les expéditions futures – dans d’autres mots, pour dresser un inventaire des côtes de l’Afrique australe —. Décrivant ensuite les populations des baies de Santa Helena et de São Brás, Alvaro Velho remplit les espaces vides d’un vaste espace de la manière dont le cartographe remplit la figure dans les vides de sa carte. Il donne littéralement à voir les gens. Leur leur couleur, leurs vêtements, leurs ornements sont autant d’éléments qui soutiennent leur présence. Mais c’est la recherche des épices et non la découverte de l’autre en tant que présence qui est le but ultime de l’expédition. C’est donc l’une des raisons pour lesquelles la découverte de cette présence sera ignorée par tous ceux qui rendront compte de l’expédition lorsque les navires de Vasco de Gama retourneront à Lisbonne. Ce que nous ne saurons jamais, cependant, c’est comment les peuples des côtes d’Afrique australe ont interprété cette apparence de l’autre, qui constitue l’arrivée des équipages portugais, tels qu’ils l’ont imaginé, lorsqu’ils l’ont vu de loin, comme ils l’ont perçu lors de son atterrissage. La destruction du Padrão et de la Croix lors du départ des navires sert d’avertissement, mais elle peut être une réponse à un fait insignifiant a priori, un accident banal ou une agression sordide que le Portugais aurait perpétrée et qu’il n’aurait pas signalé Alvaro Velho (9). C’était Vous évité un massacre ? Qui sait ? Peut-être qu’un jour nous mettrons la main sur le manuscrit d’un supplément au voyage de Gama… La nouvelle route de l’Inde révèle des découvertes. L’absence éloquente des populations frontalières africaines dans les lettres des marchands italiens Le retour de l’expédition de Vasco da Gama à Lisbonne suscite un enthousiasme immense et une curiosité sans précédent. Sur le port, nombreux sont ceux, curieux, marchands, érudits, espions qui s’entassent autour des marins. Tout le monde ne cherche pas les mêmes informations. Les curieux sont avides d’anecdotes, de commerçants, d’informations pratiques, de chercheurs, de nouvelles connaissances. Les étrangers qui séjournent dans la ville de Lisbonne et qui s’intéressent aux histoires des marins revenant de l’expédition sont principalement des marchands florentins, génois ou anversois (10). Ce sont les perspectives d’enrichissement qui s’ouvrent aux villes d’où ils viennent qui maintiennent leur intérêt. Ils ont donc rapidement des certitudes que la nouvelle voie que les Portugais viennent d’ouvrir pour atteindre l’Inde est la découverte de découvertes et qui va bouleverser le marché des épices. En énumérant les épices déclarées par l’envoi, en précisant leur origine, en indiquant leur prix, en décrivant les méandres de leur livraison, trois lettres écrites par la ville de Lisbonne par Girolamo Sernigi et Guido Said, deux marchands italiens, témoignent de cette certitude (11). Toutefois, ces lettres ne sont pas uniquement destinées à être signalées. Se donnant à lire comme des rapports de voyage, ils donnent aussi à voir, mais à leur manière, l’autre et ailleurs, en termes d’opportunités et de potentiel en particulier. L’Ailleurs est un marché et l’autre une présence. L’autre n’est présent que s’il a une raison de l’être. Si Girolamo Sernigi évoque la bonté des Noirs dont le village se trouve à l’embouchure du Rio dos Bons Sinais, c’est parce que ses informateurs lui ont dit qu’il y avait de l’or sur la côte. Ces gens ont donc une raison de l’être. Vice versa, sinon mentionne les populations rencontrées par Vasco de Gama et ses hommes dans les baies de Santa Helena, São Bras et Algoa, c’est parce que ces lieux ne l’intéressent pas. Leur absence vient du fait qu’ils n’ont aucune raison de l’être. Destinées à être lues par les directeurs des entreprises qui emploient leurs auteurs, ces lettres visent à évoluer au sein d’un circuit de distribution et de communication parmi les plus restreints et si elles sont parfois copiées avant d’être enregistrées dans la correspondance bancaire, elles ne sont pas destinées à être imprimées. C’est pourquoi, tout en se permettant de lire comme des rapports de voyage, ils ne révèlent pas de l’autre et d’ailleurs ce qu’il a un but pour le destinataire (12). Les premiers échos du retour de l’expédition dans les cours européennes. Lettres de Dom Manuel Ier aux Rois Catholiques, Maximilien et au Saint-Siège Marchands, diplomates, navigateurs : tout le monde utilise la lettre pour informer l’autorité dont il dépend de l’État du déroulement des expéditions et de l’état des découvertes. Une telle prédilection pour la forme épistolaire est, en somme, assez logique. En raison de sa brièveté et de son mode de circulation : la lettre peut être lue, copiée, traduite, imprimée, diffusée en peu de temps et à l’échelle européenne. Si Dom Manuel Ier est informé confidentiellement de l’ouverture effective d’une nouvelle route vers l’Inde par un rapport manuscrit et plusieurs témoignages oraux, en raison du caractère exceptionnel de la découverte enregistrée par Vasco de Gama, il a lui-même eu recours à la lettre pour informer les rois catholiques et le roi Maximilien du entreprise menée sous son égide par ses navigateurs. Dans la lettre qu’il adresse à ses concurrents directs, les rois catholiques, du 12 juillet 1499, deux jours seulement après le retour du Bérrio, Dom Manuel I ajoute à ses titres celui de « Senhor for conquest and Navegaçao e comércio de Ethiopia, Arabia, Perse and India ». qui signifie le partage du monde entériné par le Traité de Tordesillas. Il ne règne plus sur un bout de papier mais sur un vaste monde dont la fabuleuse Inde est le joyau. L’autre n’existe pas en tant que tel. Il n’a aucune raison d’être autre qu’en tant qu’individu pour se convertir ou se remettre sur la bonne voie de la foi orthodoxe. Si Dom Manuel I fait allusion à travers une formule, globalisant toutes les populations rencontrées par ses équipages au cours de leur voyage, dans la lettre qu’il a adressée le 25 août 1499 au Souverain Pontife, c’est parce qu’en tant que populations à convertir, elles servent les objectifs du royaume, donc elles ont une raison d’être. Dans la lettre qu’il a adressée à Maximilien Ier de Habsbourg le 26 août 1499 pour l’informer de l’ouverture d’une nouvelle voie vers les Indes, ni dans celle adressée aux rois catholiques, il mentionne cependant les populations rencontrées par ses équipages sur les côtes de l’Afrique australe (13). Ces trois lettres le confirment : il s’agit de l’ouverture d’une nouvelle lettre route à la conquête des merveilles et des richesses indiennes et non pas la rencontre de peuples jusqu’ici inconnus ou inconnus qui constitue également pour Dom Manuel Ier la véritable découverte des découvertes. Si, le long des côtes méridionales, des équipages africains et portugais participant à l’expédition Vasco da Gama entrent en contact avec de nombreuses populations locales, il faut reconnaître qu’à l’exception du rapport d’Alvaro Velho, les rencontres mémorables qui ont eu lieu entre ces Européens et ces Africains n’ont pas été les sujet de rapports détaillés. Il est fort probable que dans le port et dans les étals de Lisbonne, les spectateurs et les curieux aient entendu parler de ces sauvages lointains du bout du monde, mais aucun texte ne le confirme. Les lettres adressées aux directeurs des entreprises pour lesquelles ils se rendent par Girolamo Sernigi et Guido Detti reflètent les informations obtenues des membres de l’expédition de Vasco da Gama. Ce qui les intéresse plus qu’une rencontre peuple, c’est l’ouverture d’une nouvelle route pour l’Inde. Découverte des découvertes, ce chemin suscite des convoitises, les commerçants font leurs calculs. Dans ses lettres des jours qui suivent le retour des navires d’expédition aux rois catholiques, à l’empereur Maximilien Ier de Habsbourg et au Souverain Pontife, Dom Manuel Ier ne manque pas d’énumérer les avantages que son royaume, les grandes nations marchandes européennes et le christianisme pourront tirer de cette découverte. . Ces lettres ne sont pas destinées à fournir des connaissances géographiques ou ethnographiques. Pour cette raison, il n’est pas fait mention des rencontres mémorables qui ont eu lieu entre les populations des côtes sud-africaines et les équipages de Vasco da Gama.
1. « Il n’y a jamais le Portugal mais Lisbonne » écrit Francisco de Holanda. L’apogée du Portugal se marie avec celle de Lisbonne. C’est sous l’impulsion de Manuel I que la ville place l’Europe à ses portes alors qu’elle s’apprête à conquérir le monde. Lisbonne était à la fin du XVe siècle ville dynamique, fourmilière où bofarinheiros, cususeiras, esteireiros, oleiros sont actifs… Il existe de nombreux métiers qui touchent la mer ou s’y intéressent. La ville compte donc de nombreux commerçants étrangers dont les marchands de Lisbonne dénoncent parfois avec virulence les prérogatives. Nombreux sont les Lombards, les Génois, les Vénitiens, les Milanais et les marchands des « Espagnols », les Catalans et les Aragonais qui sont à Lisbonne pour affaires. Sur cette vocation laïque : Dejanirah Couto, Histoire de Lisbonne, Paris, Fayard, 2000. Voir aussi : Luís Adão da Fonseca, « Le Portugal entre la Méditerranée et l’Atlantique au XVe siècle » et Luís Filipe Thomaz, « Le Portugal et l’Afrique au XVe siècle : les débuts de l’expansion » » Arquivos do Centro Cultural Calouste Gulbenkian, Vol. XXVI, 1989, p. 145-160 et 161-256. Sur les représentations des merveilles indiennes dans l’imaginaire collectif des habitants de Lisbonne : Geneviève Bouchon, découverte de l’Inde, découverte de l’Inde (1498-1630). Études d’histoire indo-portugaise, Lisbonne/Paris, Fondation Calouste Gulbenkian/Centre culturel portugais, 1999. 2. Le passage relatif aux populations et à la faune autour de la pointe sud de l’Afrique inséré par Duarte Pacheco Pereira dans son Émeraude de Situ Orbis est consécutif aux informations obtenues auprès du même Bartolomeu Dias sur l’île Prince. Très laide et bétail, pas noir comme dans d’autres régions de Guinée, vêtu de cuir et porté avec des sandales en cuir de vache : c’est ainsi que Duarte Pacheco Pereira décrit les populations de baies avec une faune luxuriante et étrange dans laquelle Dias et ses hommes ont fait escale. Son œuvre n’aurait pas été imprimée pour la première fois avant la fin du XIXe siècle. Duarte Pacheco Pereira, Esmeraldo de Situ Orbis, Lisbonne, Imprensa nationale, 1892. Commémorative de la descoberté de l’Amérique par Christovão Colombo au quatrième siècle, sa direction par Raphael Eduardo de Azevedo Basto, VII, 8. La rencontre Bartolomeu Dias de Duarte Pacheco Pereira est rapportée par Joao de Barros dans sa première décennie. Joao de Barros, Asie. Decada I, Lisbonne, Galharde, 1552-1553, III, 4. Sur l’émeraude de Situ Orbis : Joaquim Barradas de Carvalho, À la recherche de la spécificité de la Renaissance portugaise. Esmeraldo de Situ Orbis de Duarte Pacheco Pereira et la littérature de voyage portugaise à l’époque des grandes découvertes. Contribution à l’étude des origines de la pensée moderne, Paris, Fondation Calouste Gulbenkian/Centre culturel portugais, 1983, vol. 2, p.30-31. 3. À l’époque, ces documents empruntaient vraisemblablement la route de Sagres pour être utilisés directement par un petit public composé de géographes, de cartographes et de navigateurs chargés de tirer parti des enseignements tirés de chaque expédition de retour d’Afrique et de préparer les expéditions suivantes. Sur la carte du monde de Martello, il y a les progressions enregistrées par Dias et ses hommes sur les côtes de l’Afrique australe jusqu’au point le plus éloigné qu’ils aient atteint : l’embouchure du Rio do Infante. C’est au début du XVIe siècle que Rui de Pina achève sa Crónica del Rei Joham II. Plusieurs éléments tendent à indiquer que João II a rapidement élaboré un plan de recherche des épices indiennes le long de la route maritime du Cap de Bonne-Espérance. Luís Filipe Thomaz, « O Projecto Imperial Joannino » Bartolomeu Dias de la Sud Epoca. Congrès Actas do Internacional organisé par la Comissão Nacional para as Comemorações dos Descobrimentos Portugueses, Porto, Université de Porto, 1989, vol. 1, p.81-98. 4. « Au nom de Dieu, Amen. En 1497, le roi Dom Manuel, le premier de son nom au Portugal, a envoyé quatre navires à la découverte. Ils sont allés chercher des épices. » Le rapport anonyme attribué à Alvaro Velho Viaggi par Vasco de Gama. Rapports des expéditions de 1497-1499 et 1502-1503, Paris, Chandeigne, 1995, « Magellane ». Traduit et annoté par Paul Teyssier et Paul Valentin, et présenté par Jean Aubin, p.85. 5. Une copie contemporaine du manuscrit original de ce rapport, découvert par Alessandro Herculano en 1834 dans le monastère de Santa Cruz de Coimbra, est maintenant conservée à la bibliothèque municipale de Porto. Bibliothèque municipale de Porto, Ms.804. Roteiro da Viagem à la découverte de l’Inde par Cabo da Boa Esperança avec Dom Vasco da Gama en 1497. Le manuscrit n’a pas de titre. L’attribution à Alvaro Velho et le titre sont dus aux premiers éditeurs de ce rapport : Diogo Köpke et António da Costa Paiva. « Un poids de copie montre les cheveux talho et carácter da letra ser coevo da primeira viagem da Gama », écrit Abel Fontoura da Costa. Le format est de folio ; ou référence de cohérence ordináe assás escuro de côr, as marcas de áem longitudinal and divided direction do fabricante. » Abel Fontoura da Costa, « Preâmbulo » Roteiro da Primeira Viagem de Vasco da Gama (1497-1499) par Alvaro Velho, Lisbonne, 1940. Cette relation est complété par un petit traité de quatre pages contenant les noms de certains royaumes situés au sud de Calicut, avec leurs productions et le prix qu’elles coûtent. Il est suivi d’un troisième passage écrit de la même main que les deux passages précédents et qui traite de la langue de Calicut. Il s’agit d’un lexique portugais-malayalam de plus de cent vingt expressions usuelles réparties en quatre colonnes. Cette liste ne contient pas un seul nom d’épices, mais quelques termes grossiers de Por-Tugais qui ont été déformés par un lecteur de l’époque. 6. « Le lendemain de la pluie, c’est-à-dire mardi, nous sommes allés à terre avec le capitaine Major et avons pris un de ces hommes. Il était de petite taille et ressemblait à Sancho Mexia. Il ramassait du miel sur la marée. Les abeilles de ce pays produisent vraiment leur miel au pied des buissons. Nous l’avons emmené à l’allée du Capitaine Major, qui l’a fait s’asseoir à table avec lui, et a mangé tout ce que nous avons mangé. Le lendemain, le capitaine major il l’a habillé de façon très appropriée et l’a fait remettre par terre. » Paul Teyssier : Le rapport anonyme attribué à Alvaro Velho, Les voyages de Vasco de Gama, Op.Cit., 92. 7. « Samedi, environ deux cents Noirs sont arrivés, petits et grands, qui ont conduit une douzaine de têtes de bétail, bœufs et vaches, ainsi que quatre ou cinq moutons. Dès que nous les avons vus, nous sommes allés à terre. Ils ont immédiatement commencé à jouer quatre ou cinq flûtes. Certains ont joué haut et d’autres bas, de sorte que pour les Nègres, ceux qui ne sont guère censés regarder de la musique, se sont très bien accordés ensemble. Et ils ont dansé comme les nègres. Le Capitaine Major jouait de la trompette, et nous, sur les bateaux, avons dansé et le Capitaine Major a dansé avec nous. » Trad de Paul Teyssier. : Le rapport anonyme attribué à Alvaro Velho Viaggi par Vasco da Gama, Op.Cit., p.96. 8. L’incident survenu dans la baie de São Brás rappelle l’altercation s’est produit au même endroit et qui a causé la vie d’un indigène lors de l’expédition de Bartolomeu Dias en 1487-1488. Alvaro Velho, qui détient ces informations de l’ancien pilote de Bartolomeu Dias, Pêro de Alanquer, décrit l’incident comme suit : « Como fomos junto com a terra, ou capitão-mor lhes lançava cascáveis Perla Praia for a and êles os tomavam. In não sómente tomavam os que lhe lançavam, mais vinham pour les tomálos da mão do capitão-mor. Il n’est pas étonnant que, quand Bartolomeu Dias était là, ils se sont enfuis de lui et n’ont rien pris de ce qu’il leur a donné. Mais avant, un jour, il buvait de l’eau dans l’eau, ce qui est très bon ici au bord de la mer, ils l’ont défendu sur une colline, qui est sur cette eau, et Bartolomeu Dias les a jetés avec une bête et a tué l’un d’eux. Et, ce que nous supposons, ne pas nous fuir, c’est qu’il nous semblait qu’il y avait de nouveaux venus de l’Angra de Santa Helena, où nous étions pour le la première fois, que 60 lieues vont d’une terre à l’autre par la mer, puisque nous étions des hommes qui n’ont pas fait de mal, mais qui ont plutôt donné la nôtre ». « Quand on fûmes de la rive, le capitaine-major leur se lance sur la plage des grelots qu’ils ramassaient, et ils ne se contentaient pas de ceux prendre qu’on leur lançait : ils venaient en chercher qu’ils Prenaient dans la main du capitaine-major, qui ce nous étonna beauçait coup, car quand Bartholomew Dias était là, ils s’étaient enfuis de lui et n’avaient pris aucun des objets qu’il leur avait donnés. De plus, un jour, alors qu’il faisait le plein dans une aiguade située sur le rivage, dont l’eau est très bonne, ils lui ont refusé l’accès en lançant des pierres du sommet d’une éminence qui la surplombe. Bartolomeu Dias a reçu des coups de feu à l’arbalète et en a tué un. Nous avons pensé que s’ils ne nous fuyaient pas, probablement parce qu’ils avaient été avertis par ceux de Santa Bay Helena, où nous étions les premiers, et qui n’est que de soixante lieues par mer, que nous étions des gens qui n’ont pas fait de mal, et qui, au contraire, nous donnions aussi le nôtre ». Alvaro Velho, ibid., p. 95. Pour une analyse des enjeux spatiaux de l’échange : François-Xavier Fauvelle, « Coastal Space Topology. Échangez et stratégiez autour d’une plage » The Hottentot ou Borderline Man. Généalogie de la représentation du Khoisan en Occident, Université I-Panthéon-Sorbonne de Paris, thèse de doctorat en histoire, 1999, p.64-69. Sur la question fondamentale du sol dans la gestion imaginaire de l’espace et la question de la propriété dans la pensée des sauvages des côtes sud-africaines : Philippe Salazar, « Territoires et images de l’humiliation » L’intrigue raciale. Essai de critique anthropologique : Afrique du Sud, Paris, Méridians Klincksieck, 1989, « Sociologies in Everyday Life », p.21-38. 9. Comme Jean Aubin l’a bien vu, Alvaro Velho s’est retiré du fait remarquer dans son rapport, une série de faits mentionnés par Fernão Lopes de Castanheda dans son Histoire de la découverte et de la conquête de l’Inde pelos Portugueses, Damião de Góis dans son son Crónica do Felicíssimo rei D. Manuel et João de Barros en Asie. Dos feitos que os Portugueses fizeram no descobrimento et conquête des mers et des terras do Orient. jean Aubin, « Avant-propos » Voyages de Vasco da Gama, op. cit., p.39-48. 10. L’Italie s’intéresse beaucoup à la situation économique, politique et culturelle de la péninsule ibérique au tournant des XVe et XVIe siècles. Très vite, des marchands, des ambassadeurs, des espions transmettent de nouvelles connaissances sur la découverte de l’Amérique puis sur l’ouverture de la nouvelle route de l’Inde, dans le sens où ces découvertes élargissent considérablement l’horizon européen. Les œuvres qui témoignent de cet intérêt et de cet enthousiasme sont nombreuses et variées : lettres, rapports de voyageurs, agents commerciaux, diplomates, discours d’apologétique, traités cartographiques, sommes géographiques, cartes… Ils ont exercé une influence profonde sur l’Europe. Sur ce point : Carmen Radulet, « Typologie et signification de la documentation italienne sur les découvertes portugaises » Jean Aubin, éd., Portugal, Discovery and Europe, Op.CIT., p.279-294. 11. La première lettre de Girolamo Sernigi est datée du même jour que le retour de Bérrio. Il s’agit de l’ouverture d’une nouvelle route vers l’Inde qui conserve principalement son intérêt. Sa deuxième lettre n’est pas datée mais a été écrite le lendemain ou dans les jours qui ont suivi le retour de São Gabriel et contient des informations obtenues de Gaspar de l’Inde. Girolamo Sernigi retrace les conséquences de la découverte de la nouvelle voie de l’Inde sur le commerce des épices et le risque de ruine qu’elle représente pour les intermédiaires de ce marché, qui sont les marchands. Maure. La lettre de Guido Detti est datée du 10 août 1499. Lorsqu’il nous est parvenu par le biais d’une copie, il nous révèle clairement quels sont les intérêts de son auteur. S’il décrit en détail la route des épices et s’il est pleinement conscient de l’importance capitale que revêt l’ouverture d’une nouvelle route commerciale pour l’Inde pour les Portugais et les concurrents des Vénitiens et des Arabes, Guido Detti est tout à fait inexact en termes de dénominations géographiques, déroutant Melinde et Calicut, et Calicut avec la ville imaginaire de Calinde, et n’évoque que les coutumes des Indiens car, comme Girolamo Sernigi, ils se croient chrétiens. Sur ces lettres : Jean Aubin, dir., Mare luso-indicum. Études et documents sur l’histoire de l’océan Indien et des pays riverains à l’époque de la domination portugaise, Genève/Paris, Droz/Minard, 1971-1980, « Higher Isla-Mist and Oriental Studies of Comparative History », 4 Vol. et Carmen Radu-let, « Identifier et défendre la première vue de l’Orient nos textes par Alvaru Velho, Girolamo Sernigi, Guido dit Tomasco Detti, le pilote âgé d »un an ? Âme » Os Discobrimentos Portugueses de la Italia, Lisbonne, Vega, 1991, « Documenta » historica », p.77-92. 12. Quatre rapports sont attribués à Girolamo Sernigi. Trois sont liés au premier voyage de Vasco da Gama. La quatrième, écrite en allemand, était considérée comme un extrait d’une troisième lettre, mais à tort considérée comme dépourvue d’intérêt géographique. La traduction allemande témoigne de l’intérêt des marchands allemands pour les découvertes portugaises. Cependant, aucune traduction française contemporaine n’a été trouvée. La tradition manuscrite est assez homogène pour la première lettre : entre le Code de l’érudit Pietro Vaglienti, le texte manuscrit du Code Riccardien 2110 Bis, la version de Fracanzano da Montalboddo et celui de Giovanni Battista Ramusio, les différences sont plus petites. Ils sont dus à la réélaboration effectuée par les auteurs. C’est moins le cas pour la deuxième lettre. Les versions imprimées dans les volumes de Montalboddo et Ramusio n’ont pu être établies sur la même écriture manuscrite. Le les différences sont importantes. Pour la version de Ramusio, il y avait probablement une contamination. Les deux versions imprimées sont encore plus courtes que la version transcrite par Vaglienti. Il y a donc au moins deux traductions différentes de la deuxième lettre de Sernigi. Journal du premier voyage de Vasco de Gama, 1497-1499, Londres, The Hakluyt Society, 1898. Traduit et modifié, avec notes, introduction et annexes par Ernest George Ravenstein, p.121-123 ; Abel Fontoura da Costa, Roteiro da Primeira Viagem de Vasco de Gama, Lisbonne, Agência Geral do Ultramar, 1960, p.202 ; Antonio Alberto Banha de Andrade, Novos do Mundo World. Panorama de l’Europa de Notícias dos Descobrimentos Geográficos Portugueses, Lisbonne, Junta de Investigações do Ultramar, 1972, p. 219. 13. Dans cette lettre au souverain pontife : Luiz Augusto Rebello da Silva, Corps diplomatique portugais contenant les actes et relations politiques et les rapports diplomatiques du Portugal en tant que différentes puissances du monde XVI siècle até nossos dias, Lisbonne, Academia Real das Sciencias de Lisboa, 1862, Vol. I, p. 6-8. Dom Manuel I se contente d’en informer le souverain pontife. Il l’exhortera plus tard à prêcher la croisade dans une autre lettre imprimée par Valentim Fernandes et qui sera diffusée devant les tribunaux européens. Dom Manuel I, Epître serenissimi principis Hemanuelis premiers dieux de gratia Portugalliae Regis excellentissimi ; Responsoria to Summum Romanum Pontificem qua Beatitudinem suam in fidei hostes debellandos sanctumque sepulchrum armis ab eis vendicandum catholice et potissimum adhortatur, s.l., n.ed. d. Pour un Traduction portugaise et commentaire sur cette lettre : José Manuel Garcia, « A Carta de D. Manuel to Maximiliano sobre or fireplace discovering » Oceanos. O Repto da Europa, n° 16, 1993, p. 28-32. Sur la chance de la lettre de découverte : Michel Bideaux, « The Discovery Letter in the First Ocean Journeys », document présenté le 20 octobre 2001 au Château de Grignan, lors de la conférence Lettres et images d’ailleurs organisée par Nivoelisoa Gallibert et Marie-Christine Gomez-Géraud. En ligne sur le site Web de l’Encyclopédie sonore du Centre de recherche sur la littérature de voyage (C.R.L.V.) : www.crlv.org.///articlen°:4014
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